Cette célébration apparemment presque spontanée devait marquer la fin de l'Exposition Universelle. L'autre tableau représente une scène presque identique sur la rue Montorgueil, les deux scènes de fête de rue vues depuis des balcons au-dessus des festivités ci-dessous. Les deux peintures font un usage intensif du tricolore français rouge, blanc et bleu principalement sous la forme de drapeaux dont Monet dépeint habilement leur mouvement coulant dans la brise.

La peinture mesure 81 cm sur 50 cm (portrait) et pourtant Monet parvient à entasser la quantité de vitalité et d'action que l'on pourrait peut-être attendre de quelque chose de deux fois cette taille. Avec les drapeaux flottant de chaque côté, au niveau de la rue en utilisant son style impressionniste, il fabrique habilement apparemment des milliers de festivaliers qui font tous la fête et célèbrent. Monet a suivi la longue histoire d'artistes français célèbres, dont Eugène Delacroix plusieurs siècles plus tôt.

L'Exposition Universelle était la principale célébration officielle de la défaite en 1870 de Napoléon III lorsque les conservateurs reprennent enfin le pouvoir en France et annonçait également l'avènement de la troisième République française qui émergea quelques mois plus tard... On dit que si le sens de la fête était fort même les corbillards étaient ornés du drapeau tricolore.

Dans les deux tableaux, Claude Monet, en plus de choisir un point de vue élevé, a défini une perspective centrale très définie regardant directement le long de la rue. Cela attire le regard de plus en plus loin pour exprimer véritablement l'ampleur des célébrations du dimanche 30 juin. En y regardant de plus près, on peut voir des banderoles avec "Vive La France" laissant planer le doute sur le dévouement politique et moral de Monet à La République.

Au moment de la peinture, une grande partie de l'impressionnisme était quelque peu décriée comme risquée et parfois incontrôlée par les arts établis les plus conservateurs. C'est cependant cette alimentation de style qui permet à la peinture de vraiment dépeindre l'humeur des masses envahissant les rues ci-dessous. Monet lui-même était encore considéré en marge du mouvement impressionniste à ce stade et ne devait pas vraiment être pleinement accepté comme le génie que nous acceptons maintenant comme lui jusqu'à quelques années plus tard dans les années 1880.

Cependant, Monet avait une petite mais forte suite à cette époque, étant un fervent adepte et un exposant de l'œuvre de Manet. La Rue Montorgueil a été rapidement vendue le 11 juillet au Dr George Bellio et après avoir changé plusieurs fois de mains dans des collections privées s'est installée depuis 1982 au Musée d'Orsay. La rue Saint Denis aussi se vendit rapidement le 1er août au célèbre compositeur E.,anuel Chabruier. A sa mort en 1896, il passa à François Depeauw qui le dédia finalement à la collection impressionniste du Musée du Rouen.